Jeudi 04 décembre 2008.
« Un Noël pas comme d'habitude »
Philippe Devoye, chez Inoplast.
Philippe Devoye travaille à l'usine Inoplast à Flers-en-Escrebieux (Douaisis), qui fermera du 16 décembre au 7 janvier. Dans sa famille, on attend beaucoup de la venue de Nicolas Sarkozy. La dernière fois qu'ils sont partis en vacances, c'était il y a deux ans. Une semaine à Berck. Parce que la location était partagée avec les grands-parents. Alors à la perspective de trois semaines de congés forcés, Philippe s'emporte : « Qu'est ce que vous voulez que je fasse ? J'ai déjà dû prendre mes congés. J'ai passé un week-end de quatre jours ici, ça fait bizarre. » Ici, c'est l'ancienne cité des mines d'Abscon, près de Denain. Le seul salaire pour cinq, c'est celui du père : 1 380 E par mois. Bientôt grignoté par le chômage partiel. Philippe a déjà expliqué à ses enfants que Noël ne sera pas comme d'habitude. « Je ne leur ai jamais rien refusé mais là... On nous dit que c'est un mauvais moment à passer mais moi, je vois les commandes. Ça risque de durer un an. »
"Pour gagner moins....."
Autour de la table de la salle à manger, Antony, 16 ans, écoute attentivement son père. Sa soeur, 14 ans, les yeux rivés sur son ordinateur, tourne la tête et lâche : « Parfois, c'est dur à comprendre. » Un sapin ? Des décorations ? « Cette année, je n'ai pas envie, lance la mère. Pourquoi les chômeurs ont des primes de Noël et nous rien ? Nicolas Sarkozy vient à Douai aujourd'hui. Alors peut-être... » Sylvie regarde ses enfants. Et espère. Avant de se raviser. « On n'y croit plus trop. »
"Avec son syndicat SUD"
Aujourd'hui, Philippe fera le déplacement à Douai. Avec son syndicat SUD. « On travaille moins pour gagner moins. Mais peut-être qu'il va demander 18 milliards aussi pour l'automobile. » Philippe se fait ironique. Car lui a déjà du mal à boucler ses fins de mois. « Depuis quelque temps, je mets 10 euros d'essence au lieu d'en mettre 20. Alors la prime à la casse, c'est pas pour nous. Ça va juste vider les stocks des usines. » •